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1Monsieur, j’ay repceu la lettre que m’escrivistes de Montillimar du XXIe du
2passé, que me porta grand contentement, ayent entendu de votre santé et
3de madame de Gordes, joinct aussi qu’ayés tousjours bonne volanté
4de venir en ce païs, et que ayés repceu la partye que portoyt Jehan
5de Cosmne. Madame la contesse de Grignan la me mamda par
6ung de ses gens qui s’en alloyt à Entrechasteaux. Je suis estée
7bien fort aise aussi d’avoyr entendu de la santé de notre fille
8d’Hourches et prye Dieu de bien bon cœur vous tenir toutz en
9bonne santé. Je crains fort que les grandz froitz qu’il
10faict despuis jours ne vous entetiegne daventaige là-ault.
11Il est ici bien fort extrème et havons désja heu de la nège ;
12et en tout ce païs n’y a pas ung grain de blé sorti, causant le
13grand essuict que y a esté et est encores, et si Dieu ne
14nous faict grâce, nous atendons une fort petite récolte. J’ay
15tousjours heu oppignion que votre frère La Roche vous yroit trover
16advent que venir en ce païs. Touchant ceulx d’Oranges,
17je pense vous avoyr escript comme ilz me promirent
18dernyèrement qu’ilz furent ici, qu’ilz ne feroyent faulte de
19vous payer ce Noël prochain. Despuis, ladite dame de Grignan
20a bailhé ung votre pacquet, passant par ici du VIIe du présent.
21Je me suis fallye car c’est monsieur le consellier de La Coste
22qui le m’a faict tenir. Ladite dame s’en revenoyt d’Aix
23pour quelques siens affaires que sont bien facheus. Je pence
24que vous en scavés le tout. Voylla les fruictz de beaucoup de pères
25et mères. Dieu en soyt loué de tout je n’ay jamais pensé que
26ne faiche tumber de tout de la despence et tumbast
27sur vous si est-ce que l’honneur faict passer beaucoup de
28choses. Je prye à Dieu les tenir toutz en bonne santé d’âme et
29de corps. Je suis estée bien fort aise d’avoyr entendu de
30[v] leurs novelles. Il me tardoyt d’entendre des votres et en rendz grâces
31à Dieu. Par la lettre que j’escris à madame de Gordes, vous entendrés de
32la santé de noz enfenz, laquelle, Dieu merci, est bien fort bonne.
33Et en cest endroit, je me recommande de fort bon cœur à votre
34bonne grâce et prye Dieu vous donner la sienne, acompaignée de longue
35et contente vye. De Gargas, la veille Saint-André 1572.
36Vostre mère.
37Pierre de Ponteves
38Je vous ay à fère une requeste de la part du cappitaine Amblard,
39lequel voldroit que vous luy baillessiés une place d’hommes d’armes de
40votre compagnye. Il y a long temps qu’il en havoyt envye, mais je
41n’y volloys entendre, causant que je congnoiscoys que feu monsieur
42le conte, que Dieu face merci, prenoyt plaisir de l’havoyr. Je vous
43puis assurer qu’il ha grand envye de vous faire service. Il est
44vailhant et n’est point de ceulx que se donnent au pillaige,
45et oultre cela il seroyt pour vous faire service en toutz les
46endroitz que vous le voldryés employer. Monsieur le conte de
47Carcès luy a présenté luy-mesmes le mesme traictement qu’il
48havoyt de feu monsieur le comte. Je vous prye me faire entendre
49de votre volanté. Vous avyés escript à Jehan de Cosme qu’il fist faire deux bastz,
50ce que j’ay faict, mais l’on dict que seroyt bon de faire porter le garniment
51desdictz bastz qu’ilz hont là-hault. Vous en ferés ainsi que mieux
52l’entendés sy l’ome que m’a escryt vynt[...] avecques vous
53comme yl me mande et ne se soyt remys à vyver comme
54Dyeu et la Seynte Mère apostolique, chatolique romeyne
55espose de Jésuchrist, le commande, yl fera beaucop
56pour moy de me venyr saluer, car faut que je vous
57dye que je suys tant aselgye que n’et posyble de puls,
58me voyant se [...] troys de voyes et menés, le voyant
59est[r]opyé pour sy malereus querelle. Pour se, vous prye
60me averti de sa vollonté car me délybère de le voyr.
61Je m’asure que me conterés l’avy. Je prye à Dyeu
62que me veylhe, console, et doner pasyance, sy se veut
63remestre je le resevray comme tousjours je prye Dyeu vous
64tenyr an sa seynte garde, joug et portesyon.
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